Histoire du feu d’artifice : évolution d’après les textes

Je vous propose un premier texte qui date du milieu du XIXe siècle et qui tente de faire la synthèse de l’histoire et l’évolution du feu d’artifice.

Evolution du terme « feu d’artifice »

« Le mot Artifice, dans l’acception qui lui est donnée, mérite une explication. Si nous consultons le code de la langue, le Dictionnaire de l’académie, nous trouvons qu’artifice se prend plus ordinairement pour ruse, déguisement, fraude, et comme exemple le dictionnaire ajoute : méchant artifice, détestable artifice, artifice grossier, user d’artifice, un procédé plein d’artifice, etc. Il y a loin de cette acception à celle qui nous occupe : le feu d’artifice est un feu préparé avec art, on peut même dire un feu artificiel, du mot latin « artifex », un ouvrier, un artisan
Les auteurs qui se sont occupés de pyrotechnie sont géné­ralement d’accord pour déclarer que la composition des feux d’artifice constitue un art moderne résultant de la découverte de la poudre à canon. Historiquement, c’est une erreur que nous relèverons en passant. Le feu grégeois, ou feu grec, n’é­tait autre chose qu’un feu d’artifice, dont on se servait pour brûler les navires ennemis, à grande distance, et dont la force augmentait par le contact de l’eau. L’ingénieur syrien Callinique, qui vivait sept siècles avant l’ère chrétienne, est l’inventeur de ce feu grégeois, dont la composition n’a jamais été bien déterminée, mais qui devait avoir pour base le soufre et le salpêtre.

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Plus tard nous voyons Claudius, dans un poème composé pour célébrer le consulat de Manlius Théodoric (fin du IVe siècle), inviter les Romains à faire éclater leur joie par des témoi­gnages publics, et il dit : « Que le théâtre mobile où est l’artifice soit d’abord rabaissé; que dans toute son étendue on fasse « rouler des flammes ; que le feu serpentant légèrement de tous « côtés forme mille ondulations circulaires; que les bois s’en « trouvent enduits, sans en être endommagés, les flammes les « effleurant avec trop de rapidité pour leur nuire. »
Voilà bien de la véritable pyrotechnie. Seulement Claudius ne nous fait pas connaître la matière combustible em­ployée.

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Du reste, les Chinois excellaient, à l’époque du voyage de Mac-Carlhey (1792-1794), dans l’art des feux d’artifice qu’ils disaient connaître depuis plus de mille ans et plusieurs de nos feux portent à juste titre le nom de feux chinois, puisqu’ils sont imités de ceux qui se pratiquent depuis un temps immémorial en Chine et dans l’Inde.

Dans les anciennes réjouissances françaises on faisait des feux de joie, dont l’élément était le bois. C’est sans doute à cette catégorie que devait appartenir la Salamandre de feu, emblème de François Ier, qui fut lancée en l’air lors de la célèbre entrevue du Drap d’or (1520).
Le premier feu d’artifice (avec poudre) dont nous ayons trouvé la mention est celui qui fut tiré en 1606 dans la plaine de Fontainebleau, aux frais du duc de Sully.
Rappelons encore, avec le Dictionnaire des Dates, que la pré­sentation de la haquenée au pape par le roi de Naples (cérémonie qui ne fut abolie qu’en 1783) donnait lieu à de très-beaux feux d’artifice. »

 

 

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SOURCE : Auteur(s) : Steerk (18..-18.. ; major)
Titre(s) : [u]Guide pratique de la fabrication des poudres et salpêtres / par le major Steerk. Suivi d’un Appendice sur Les feux d’artifice par M. Spilt
Ed. de, Paris : E. Lacroix, 1866. 19 cm – Bibliothèque des professions industrielles et agricoles. Série F ; 4)
Sujet(s) : Poudres (pyrotechnie )

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